• " La mort de l'amour "

    "La mort de l'amour"


    Bientôt l'île bleue et joyeuse
    Parmi les rocs m'apparaîtra;
    L'île sur l'eau silencieuse
    Comme un nénuphar flottera.

    A travers la mer d'améthyste
    Doucement glisse le bateau,
    Et je serai joyeux et triste
    De tant me souvenir bientôt!

    Le vent roulait les feuilles mortes;
    Mes pensées
    Roulaient comme des feuilles mortes,
    Dans la nuit.

    Jamais si doucement au ciel noir n'avaient lui
    Les mille roses d'or d'où tombent les rosées!
    Une danse effrayante, et les feuilles froissées,
    Et qui rendaient un son métallique, valsaient,
    Semblaient gémir sous les étoiles, et disaient
    L'inexprimable horreur des amours trépassés.

    Les grands hêtres d'argent que la lune baisait
    Etaient des spectres: moi, tout mon sang se glaçait
    En voyant mon aimée étrangement sourire.

    Comme des fronts de morts nos fronts avaient pâli,
    Et, muet, me penchant vers elle, je pus lire
    Ce mot fatal écrit dans ses grands yeux: l'oubli.

    Le temps des lilas et le temps des roses
    Ne reviendra plus à ce printemps-ci;
    Le temps des lilas et le temps des roses
    Est passé, le temps des œillets aussi.

    Le vent a changé, les cieux sont moroses,
    Et nous n'irons plus courir, et cueillir
    Les lilas en fleur et les belles roses;
    Le printemps est triste et ne peut fleurir.

    Oh! joyeux et doux printemps de l'année,
    Qui vins, l'an passé, nous ensoleiller,
    Notre fleur d'amour est si bien fanée,
    Las! que ton baiser ne peut l'éveiller!

    Et toi, que fais-tu? pas de fleurs écloses,
    Point de gai soleil ni d'ombrages frais;
    Le temps des lilas et le temps des roses
    Avec notre amour est mort à jamais.

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